Romain Dubois a choisi de contourner l’apparente sobriété du piano, en se concentrant sur les possibilités sonores offertes par un instrument des années 1970, le piano électromécanique Yamaha CP70. Un instrument particulier dont la vibration des cordes est captée, note par note, par des micros piézoélectriques, permettant de jouer à la fois sur la dimension acoustique et d’offrir, en parallèle, une grande liberté sur la sonorisation et le traitement du son (looper, sampler, spatialisation). Un piano « augmenté » plus qu’un piano préparé, qui va lui permettre de jouer avec les codes des musique électroniques, contemporaines, romantiques et traditionnelles.

Dans un format de concert / performance, il fait appel au sculpteur performeur Olivier de Sagazan pour travailler sur le rapport corporel du musicien avec son instrument. Convoquant l’image de l’Homme et de la Bête, ils mettent en scène un rapport physique très puissant, animal, recherchant la sauvagerie de l’état de transe dans ce travail au corps à corps avec le clavier, le son et l’élaboration de rythmes répétitifs. Entre cris et apaisement, mélodie et énergie, rythmes, syncopes et métamorphoses, le discret Romain Dubois se transforme en un étrange personnage totalement habité derrière son piano. Et nous embarque dans une transe de l’accélération et du dépassement, furieuse, hypnotique et saisissante, pour un spectacle au souffle inclassable.