Dans la perspective de son futur spectacle Un poulpe peuple la ville, la compagnie Kali & Co investit l’ancienne prison Jacques Cartier et nous propose un « chantier en cours », résultat d’une résidence de plusieurs jours dans la prison. Après un premier tentacule présenté aux Halles en Commun en juillet dernier, voici le Tentacule #2. Avec une équipe de comédiens venant des marges, la compagnie entame un travail autour des textes de Jeanne Benameur (notamment L’homme de longue peine, monologue dans lequel une peintre rend régulièrement visite à un détenu et en voit sa vie bouleversée) accompagné par une création musicale de Laetitia Shériff. Parfois, les prisons sont fatiguées de garder : elles sont devenues trop vieilles, trop petites, trop vétustes. Elles font alors sortir tout le monde mais gardent en elles les histoires, les souffrances, les douleurs, les colères et les morceaux de vie.

En entrant dans l’ancienne prison Jacques Cartier, à l’apparence vide de vies mais encore chargée d’histoires, Kali & Co a souhaité l’investir poétiquement pour y remettre de la dignité. Comme si les hommes et les femmes qui y ont vécu pouvaient nous dire quelque chose, sans que nous ne les voyions ni ne les jugions. Il s’agit de leur donner la possibilité de nous raconter, à travers l’histoire écrite par Jeanne Benameur, ce qu’ils n’ont pas pu dire avant de partir. Un petit moment secret, un silence choisi, un coin de leur existence que nous n’avons pas pu voir.