« Le vivarium, ou reptilarium, est un espace qui préserve la vie et les dangers, où les Anciens gardaient enfermés murènes et serpents, créatures à dents et bêtes venimeuses. Aujourd’hui, cependant, le reptilarium résonne de délicieuses petites clameurs d’enfants qui s’amusent à frapper les vitres avec leurs ongles. Pourtant, le pouvoir du verre demeure, une frontière sûre et invisible en présence d’un faux danger. » Le paradoxe du phasme, Georges Didi Huberman.
Dans l’espace du vivarium (rettilario en italien), la vie des petits animaux devient l’objet de l’attention des humains. Partant de cette idée et l’adaptant à l’espace urbain, la performeuse italienne Sara Leghissa invite le spectateur équipé d’un casque à modifier sa perception d’éléments familiers, d’une échelle à l’autre, du macro au microscopique, et inversement, à l’intérieur et à l’extérieur d’une cage vitrée. La nature même des éléments qu’il voit et entend (roulements de trains, voix, pas dans une gare…) change, glisse vers de nouveaux territoires, plus abstraits, rendant son propre environnement moins familier. Comment faire résonner une ville en collectant certains matériaux qui la composent ? Pour mieux répondre à cette question, l’artiste s’inspire de la pratique du foley, soit la reproduction d’effets sonores quotidiens pour le doublage de films. Superposant des paysages sonores et la vie de la ville, Sara Leghissa donne une voix à l’humanité qui la traverse.