Le premier album de Raoul Vignal, The Silver Veil, était à peine sorti des limbes, au début de ce printemps, que critiques et mélomanes aux oreilles fureteuses faisaient déjà tourbillonner autour de lui une majestueuse nuée de fantômes: ici Nick Drake, là John Martyn, ailleurs encore Leonard Cohen ou quelques illustres (p)artisans de la guitare et du fingerpicking libérés comme Davey Graham ou John Fahey … Références de premier ordre, qui désignent clairement le genre d’altitudes et de lignes de crête arpenté par ce songwriter à la foulée sûre et aérienne. Mais qui ne suffisent pas, pourtant, pour cerner la texture singulière de ses chansons à la beauté aussi minérale que délicate, de ses mélodies qui, pour être fermement lignées, n’en sont pas moins subtilement estompées dans leurs contours – comme si une minutieuse main de maître les avait sculptées dans la brume. Ce genre de signature, qui déborde de loin la vulgate folk, ne s’atteint pas sans un patient travail intérieur. C’est ce qu’a accompli Raoul Vignal depuis 2010, prenant le temps de forger son langage en le décapant au contact de toutes les matières qu’il a eu le désir de pétrir: blues tellurique, rock garage, pop, ambient… Au terme de cette longue décantation, The Silver Veil est né, et Raoul Vignal a trouvé l’autorité naturelle avec laquelle, sur scène, il conduit sa belle affaire poétique. Soit un jeu de guitare dont l’humble – mais réelle – virtuosité se place toujours au service de la seule musicalité, en intense harmonie avec la contrebassiste Morgane Moulin et le batteur Lucien Chatin. Et une voix d’une sublime transparence qui, à l’instar de celles de Benoît Burello (Bed), José González ou Gareth Dickson, porte le chant comme une respiration si naturelle qu’elle sonne, littéralement, comme un second souffle. Ce second souffle, Raoul Vignal l’apporte aussi à un art du songwriting qui, preuve en est encore faite ici, est loin d’avoir épuisé toute la gamme de ses enchantements.
BIOGRAPHIE
Né à Lyon, Raoul Vignal a commencé ses aventures musicales avec Snake Fuzz Moan, projet blues en solo, tout en s’impliquant en parallèle dans plusieurs collaborations (le groupe PHM, le duo Volcan…). De 2013 à 2015, il s’installe à Berlin, où il se produit régulièrement et enregistre son premier album, The Silver Veil. De retour en France, il a notamment joué ces derniers mois à la même affiche que des artistes comme Shannon Wright, Vashti Bunyan ou Seabuckthorn.
DISTRIBUTION
Chant, guitare : Raoul Vignal / Contrebasse, chant : Morgane Moulin / Batterie : Lucien Chatin