C’est autour de la performance participative « WE CAN BE HEROES » que s’est faite la rencontre d’Arnaud Pirault et notre festival, dans cette aventure artistique improbable et jouissive qui voyait une cinquantaine de chanteurs amateurs s’emparer de l’espace public en mimant, en play-back, une compilation de chansons pop-modernes. Notre édition 2009 aura été marquée par ce magique instant d’action commune, prolongée au mois de février lors de l’édition des Premiers Dimanches aux Champs Libres (Rennes). Avec son « groupe de création indisciplinaire », Arnaud Pirault revient pour cette nouvelle création, fantaisie dans l’espace public interrogeant la place de l’individu dans le groupe. « Playground » reconstruit en extérieur un espace de jeu clôturé de 12 mètres sur 7, relecture de ces terrains de rencontres urbaines qui ont poussé en Europe après la Seconde Guerre Mondiale.

Lancée à la tombée de la nuit, dans un lieu qui sera tenu secret, la performance entraîne neuf visiteurs successifs qui vont peu à peu entamer, autour d’une pulsation rythmique continue, un désir de danse auquel se superpose un chant choral. Dans ces séries d’étreintes, de chants et de mouvements, la transformation est en marche, brute, non dramatique, faisant naître et s’exprimer des émotions qui vont entrer en résonance affective avec le public, pour rebâtir une étrange communauté liant spectateurs, interprètes et ville. Autour de ce choeur en mouvement réuni à la nuit tombée, l’espace public s’affirme une nouvelle fois comme un lieu de partage à nourrir, le lieu de création privilégié de cette joyeuse avant-garde pluridisciplinaire qui tait son nom, mais invente de nouvelles manières de concevoir des modèles relationnels autour des pratiques artistiques.