Comme un mirage dans cet étrange no man’s land, le mur circulaire monumental resplendit dans le soleil couchant de ses couleurs jaunes, oranges et argentées. Autour, quelques objets familiers, vieux fauteuils, plantes vertes, table, bassine, attestent de l’existence d’une organisation humaine. Quatre vieux ont colonisé cet espace parallèle, à l’ombre du mur. Quatre enfants bariolés jouent un peu plus loin. Nous sommes en 2064. Ils sont venus prendre la relève. Équipé de casque transmettant la traduction simultanée des mots de Pieter De Buysser et la partition sonore de Dominique Pauwels, une symphonie lyrique et électrique de fin du monde pour cordes, guitare et chanteuse soprano en live, le spectateur circule librement autour de l’espace de jeu. Comme un pèlerin tournant sans fin autour de cet étrange monument surnaturel planté au milieu du chaos, il choisit son point de vue, ses angles de vision. Il s’insère peu à peu dans la dynamique de cette histoire qui devient récit dans cette rencontre des langages scénographiés par Inne Goris. Étrange, fascinant, envoûtant, « Muur » est une succession de magnifiques tableaux sensoriels qui naissent de ce choc harmonique circulaire des langages et des expressions, interrogeant à la fois la place du spectateur et notre rapport à l’intime.