Génie musical ayant élévé l’art de la bricole au rang des Beaux-Arts, le Brésilien Tom Zé a un jour résumé ainsi ses activités de créateur fou : “Je suis comme ces inventeurs du dimanche qui, avec les pièces d’une montre et les éléments d’une bicyclette, essaient de monter une machine à café ou une tondeuse à gazon…” Dorian Taburet, alias Mein Sohn William, pourrait se retrouver dans cette description : depuis 2009, le Rennais monte d’étonnantes (et détonantes) mécaniques musicales, dont lui seul connaît les secrets de fabrication et le mode d’emploi. Guitare baladeuse, samples et boucles ouvrant autant de brèches vers l’inouï, chant habité voire possédé, énergie ô combien renouvelable : devant le caractère échevelé et imprévisible de ses concerts, certains observateurs ont invoqué Dada ou l’art brut… D’autres, avec un louable souci de précision, ont voulu lister les ingrédients passés à la moulinette de cet infatigable Zébulon : rock indé à l’état sauvage, pop tout-terrain adepte du dérapage, bruitisme ludique, electro de quat’ sous flambée à l’huile de coude, musique de transe pour tribu imaginaire… Mais Taburet, bondissant, papillonnant, éparpillé volontaire, n’est pas homme à se laisser cerner par un cordon de références. Il continue donc de tracer sa route sans mollir. Son naturel, qu’il se garde bien de chasser, est d’avancer au galop, et ce n’est pas aux Tombées qu’on va le réfréner : nous l’avons invité à participer aux trois temps du festival, dans trois lieux différents. Libre et insaisissable jusqu’au bout.
BIOGRAPHIE
Brestois d’origine, Dorian Taburet s’installe à Rennes pour des études de communication graphique aux Beaux-Arts puis d’architecture. C’est là qu’il se lance dans la musique, dans une formule one-man band qui le voit écumer des centaines de lieux et marquer les esprits dans tout le pays. Son premier album, “Mein Sohn William”, est sorti sur le label Ici d’Ailleurs en janvier 2012. Il est désormais secondé en concert par Antoine Bellanger.