En 2016, Marion Cousin initiait une recherche consacrée aux chants de travails, aux romances et aux traditions chantées de la péninsule ibérique, et proposait d’offrir à chaque région choisie une collaboration musicale spécifique, issue de ses envies, de ses rencontres et de ses amitiés.
Pour son premier volet, elle avait invité le violoncelliste Gaspar Claus à explorer l’archipel des Baléares et à écrire avec elle Jo estava que m’abrasava – Chants de travail et romances de Minorque et de Majorque, dialogue entre un violoncelle et une voix qui se révéla être, en plus de la rencontre de deux musiciens et de deux instruments, une exploration du champ vocal et de la plasticité de la voix.
Entendant offrir chaque volet de cette série à des musiciens différents, Marion Cousin invite, en 2018, Ernest Bergez et Clément Vercelletto du duo Kaumwald, à travailler avec elle des romances d’Estrémadure. De cette collaboration naitra le disque Tu rabo par’abanico – Romances de Extremadura, sorti en 2020.
Au sein de Kaumwald, les deux musiciens, déjà auteur de trois albums (Hantasive, Rapa Nui Clan, Cormoran), composent des paysages électroniques hypnotiques et accidentés, frôlant la chute et la transe, puisent aux sources de la musique électroacoustique, s’égarent en lisières technoïdes et multiplient les détours vers les sonorités familières d’un folklore imaginaire.
Avec Marion Cousin, ils prennent pour point de départ la ritournelle et le récit apportés par ces romances d’Estrémadure, pour infuser et faire éclater cette matière première de leurs improvisations, collages, mutations et constructions électroacoustiques. Ici, la voix de Marion Cousin prend les voiles, nous emporte vers cette région reculée d’Espagne et devient, plus que jamais, un matériau soumis à tous les séismes et à toutes les métamorphoses.