Et si les brumes de l’Écosse, les princes, les rois et les reines, les sorcières, les spectres et les châteaux, pouvaient se matérialiser en pleine forêt, au beau milieu des fougères et des arbres, par la magie de l’imagination ? Et si l’une des pièces les plus célèbres du répertoire classique, pouvait se donner en plein air, en déambulatoire et à la seule lumière des flammes et des torches ? Et si la machinerie et la technique moderne pouvaient déserter un temps le plateau du théâtre pour le laisser à nu, tel qu’en lui-même ? Et si s’inventait, dans l’immédiateté du décor naturel, un autre rapport au texte, qui retrouverait la voûte céleste historique du premier théâtre Shakespearien ? C’est bien le pari de l’emblématique compagnie du Théâtre de l’Unité pour cette version « en cinq lieux avec guide pour forêt » du MACBETH de William Shakespeare, concoctée par les agitateurs Hervée de Lafond et Jacques Livchine.
À la lueur des flammes, le public s’avance pour retrouver, au fil de ce parcours en déambulation, cinq lieux de jeu, cinq points de retrouvailles, cinq territoires naturels qui deviendront tour à tour tableaux et scènes pour des comédiens lâchés, comme leurs spectateurs, au cœur de la forêt.
À l’heure où certains metteurs en scène anglo-saxons prônent le retour aux formes strictes du théâtre élisabéthain pour rendre Shakespeare à son époque, le Théâtre de l’Unité part en balade aux sources même de la joute du verbe et de l’imaginaire, à la source du conte et du mythe, dans ce territoire symbolique de la Nature sauvage et toute puissante qu’a toujours représentée la « forêt ». Épure, aventure, déplacement, provocation, humour, violence…
Dans cette traduction de Jacques Livchine, la pièce de Shakespeare se donne en squelette didactique, en trame et en ombres, en rires, en combats, en cris et en peurs, en lumières et en surprises, dans une invention spontanée et des décors de bric et de broc. Délaissant les planches et la tranquillité des fauteuils, cette tragédie noire et énigmatique, plongeant dans les arcanes de la nature humaine, trouve une nouvelle force dans cette vision nocturne et décalée, qui déplacent autant le monde de la rue que le classicisme dramatique.
MACBETH poursuit les bientôt quarante années de travail d’invention et de dissidence d’Hervée de Lafond et Jacques Livchine à la tête du Théâtre de l’Unité (fondée en 1968), d’expériences joyeuses, d’expérimentations revigorantes et de transmissions en partage, interrogeant les formes, possibles et diversifiées, d’une pratique théâtrale à l’emporte-pièce et qui ne tient pas en place. Il était donc temps qu’ils viennent nous visiter aux Tombées de la Nuit.
BIOGRAPHIE
Le Théâtre de l’Unité est né de la rencontre en 1968 entre Jacques Livchine, Hervée De Lafond et le scénographe Claude Acquart. Pionnier du théâtre de rue, l’équipe parcourt le monde avec ses pièces dézinguées – comme l’emblématique « 2CV théâtre », deux spectateurs et un acteur pour huit minutes (1977), en grand défenseur du partage pour tous et d’un autre rapport avec le public. Invention, urgence, insolence et déraison marquent ce parcours hors-norme dans le théâtre populaire qui multiplie les formes d’interventions urbaines sans rechigner à dépoussiérer les classiques, jouant des lieux improbables comme des rencontres directs avec le spectateurs et le non-acteur. Après une implantation de dix années dans la Ville Nouvelle de St Quentin en Yvelines, ils s’installent à Montbéliard et ouvrent le premier « centre d’art et de plaisanterie », avant de se fixer aujourd’hui dans les anciennes filatures Japy à Audincourt. Autant de camp de base et d’implantation volontaire dans le quotidien, dans le questionnement d’un théâtre moderne et militant, inventif et furieusement non-élitaire, qui a plus de cinquante créations à son actif aujourd’hui et n’a toujours pas perdu l’envie d’en découdre, suivant sa devise ; « le Théâtre de l’Unité, c’est toujours autre chose ! ». Cette compagnie emblématique de l’histoire du théâtre de rue vient pour la première fois aux Tombées de la Nuit.
DISTRIBUTION
d’après William Shakespeare, traduction de Jacques Livchine, par le Théâtre de l’Unité, mise en scène d’Hervée de Lafond et Jacques Livchine.
Avec : Macbeth – Panxo Jimenez, Lady Macbeth – Catherine Fornal, Banquo – Xavier Chavari, Macduff – Eric Prévost, Malcolm, fils du roi – Max Bouvard, Le roi d’Ecosse Duncan – Jacques Livchine, Lennox – Youssri el Yaakoubi, Lady Macduff – Julie CaZalas, Le portier – Ludo Estebeteguy, Sorcières – Catherine Fornal et Julie CaZalas. L’enfant – Ludo Estebeteguy.
Guide accompagnatrice : Hervée de Lafond.
Création lumière : David Mossé, Benjamin Dreyfus et Paul Deschamps.
Effets spéciaux : Panxo Jimenez.
Costumes : Maud Mitenne.
Régie : Benjamin Dreyfus et Paul Deschamps.
Spectacle soutenu par la Drac Franche-Comté, le Ministère de la Culture, la région Franche-Comté, le Conseil Général du Doubs, la mairie d’Audincourt et PMA