Il est tentant de présenter le Rennais Loup Barrow comme un collectionneur et manipulateur d’instruments rares et étranges : après tout, ne trouve-t-on pas dans son cabinet de curiosités de belles inventions comme le cristal Baschet ou le hang, un dulcimer à marteaux, des verres de cristal ou encore un mbira (piano à pouce) ? Mais à jouer la carte du pittoresque et du bizarre, on passe à côté des motivations authentiquement musicales d’un compositeur, auteur et chanteur qui confie avoir choisi ces timbres exceptionnels “pour retranscrire au mieux et simplement des émotions complexes”. Art du geste, artisanat de mélodiste, quête introspective : la principale clé de l’univers de Loup Barrow se trouve sans doute à la conjonction de ces trois expériences, et dans ce jeu de correspondances et de résonances qu’il réussit à tisser entre la beauté presque surnaturelle des matières sonores et les profondeurs de son âme. L’aventure requiert une certaine qualité de solitude, sans le condamner pour autant à l’isolement : toujours en quête d’échos, cet homme-orchestre n’aime rien tant que s’entourer, échanger avec ses pairs – aux Tombées, on l’entendra notamment en duo avec Olivier Mellano.