« La langue m’échappe depuis toujours. Je n’arrive pas à la saisir. Je confonds tout : Freud et Fred le danseur de claquettes ou, aujourd’hui, Tintin et Desmond Tutu, Madame Bovary et Monsieur Bovidé. Ou Tirésias et Mamelle, j’en passe et des plus belges… », dit Jean-Pierre Verheggen.
Cette mésaventure des lapsus et des sons, cette faute de frappe au bord des lèvres, tout ça nous ressemble. Jusqu’à l’idée de s’obstiner dans l’erreur et d’en faire quelque parade grandiose. Cela donne dans mon coin du Nord, le personnage de Zeph Cafougnette, ch’ti qui cafouille, trimballé pendant des années et qui me renvoie outre-frontière à Verheggen, languedicapé de naissance. « Engagez-vous dans le Langagement ! » dit-il.
L’Oral et Hardi regroupe quelques textes homériques de Verheggen, ses odes persifleuses, ses harangues, ses transes linguistiques, ses morceaux de brav’homme, ses discours manifestes. Jean-Pierre a le goût du grand souffle, même quand ses titres ont l’allure de jeux de mots. Il est « une sorte de bienfaiteur » selon l’ami Marcel Moreau et « pourtant, il a de quoi faire peur, avec son couteau à découper le vocabulaire, avec sa scie à tronçonner la syntaxe, avec ses tâches de grammaire sur son tablier. Mais voilà, ce n’est pas un boucher. » Jean-Pierre s’est lancé dans la grande aventure de l’ouissance. Poète phénomène, poète énergumène, il est l’inventeur d’un genre nouveau, l’opéra bouche. » Jacques Bonnaffé
Avant de quitter le parquet des planches, et cette fois pour de bon (adieu baraques, adieu campement), on ne va pas vous faire un croquis : des tonnes de boniments valent mieux qu’un long discours. Laquelle tâche incombe à L’Oral et Hardi, allocution poétique que Jacques Bonnaffé adaptera aux circonstances. Remise de médailles en paquets à Dromesko, pour l’ensemble de son œuvre et sa famille nombreuse.