Douze tambourinaires-danseurs entrent en scène, instruments sur la tête et baguettes à la main. Vêtus de robes aux couleurs du Burundi (rouge, blanc, vert), ils avancent en file indienne en martelant le sol de leurs pieds et en mêlant les rumeurs de leurs voix, au point d’équilibre entre l’incantation et la clameur. Puis ils se disposent en un large arc de cercle derrière le tambour central, symbole d’un pouvoir qui est bientôt l’objet d’un étourdissant ballet de révérences, de luttes guerrières et de convoitises cadencé par les chants et les rythmes. Passant de la gravité la plus solennelle à la joie la plus solaire, le rituel est quasi immuable depuis un millénaire ; il se régénère à chaque fois dans le précipité de l’instant.
Réputés dans le monde entier pour leur habileté d’acrobates et l’intensité saisissante de leurs performances, les Maîtres Tambours du Burundi – à l’origine des bergers royaux – sont plus que les dépositaires d’une tradition locale remontée d’un passé ancestral. Avec eux, les rythmes, les cris et les danses sont les marques de l’histoire des hommes gravées à même les corps, l’empreinte vivante et dynamique d’un récit universel qui continue de s’écrire et de se transmettre par la force d’inscription du geste, de l’éclat des voix et de la pulsation. Voir et écouter les Maîtres Tambours du Burundi revient ni plus ni moins à entendre le battement obstiné de nos mémoires collectives et individuelles, telles qu’elles résonnent et se perpétuent dans les grandes caisses de résonance du temps et de nos âmes.
BIOGRAPHIE
C’est dans les années 60 que les Maîtres Tambours du Burundi commencent à se faire connaître au-delà des frontières de leur pays. Leur influence s’est même fait ressentir au-delà des salles de spectacle, puisqu’on a pu les entendre aussi bien chez Joni Mitchell, Echo & the Bunnymen que chez Def Leppard ! On peut également entendre leurs chants et pulsations dans Fitzcarraldo, le film de Werner Herzog.