Il y a, bien sûr, cette démonstration de la faisabilité de jouer, dans l’espace public, un spectacle qui s’appelle Le pédé, en 2024, en France, comme un magnifique pied de nez à l’homophobie. À mi-chemin entre la manifestation, le documentaire et la quête collective, on découvrira surtout, dans ces presque deux heures de déambulation en forme de fresque théâtrale : des pionnières et pionniers et des anonymes, des Françaises et Français et des Nord-Américain·es passant des émeutes de Stonewall à New York à la fin des années 1960 aux premiers soulèvements sociaux en France, du Fhar (Front homosexuel d’action révolutionnaire) au CAPR (Comité d’action pédérastique révolutionnaire) à Act up, des pionnières du MLF aux Gouines rouges…
Homme blanc, bourgeois, occidental et cisgenre, Brice Lagenèbre s’annonce d’emblée dans la subjectivité. Mais c’est aussitôt pour mieux nous entraîner, avec maestria, dans ce large panorama historique des luttes et de la culture gay, queer et LGBT+, sans éviter les sujets contemporains qui fâchent. Cette marche spectaculaire en cortège, émouvante, incarnée et ancrée dans une relation de complicité se tissant avec le spectateur, redonne sens, justice et perspective à ces combats pour la liberté. C’est bien dans la rue qu’ils ont commencé. C’est donc bien là qu’ils peuvent, à nouveau, « se jouer » !
BIOGRAPHIE
> BRICE LAGENÈBRE / Collectif JEANINE MACHINE (France)
Né en 1986, Brice Lagenèbre entame en 2004 un cursus à l’Université d’Arts du spectacle et au Conservatoire régional de Bordeaux, avant d’intégrer la formation pluridisciplinaire TDMI (Théâtre danse musique et image) à Lyon. En 2013, il rejoint le Groupe ToNNe, dirigé par Mathurin Gasparini (AE Les Années, Mes Déménagements, Le Passage du Nord-Ouest) et participe également aux projets de territoire : Scopitonne (30 ans du festival Viva Cité), J’habite ici à Saint-Étienne (La laverie). En parallèle, il intègre la compagnie Marzouk Machine dirigée par Sarah Daugas Marzouk (Tripalium, Apocalypse), puis la compagnie bordelaise Du chien dans les dents, où il reprend le chemin des salles de théâtre avec la création en collectif d’État Sauvage titre provisoire (2018) et de Ce que nous ferons (2018). En 2021, il fonde Jeanine Machine avec Sarah Daugas Marzouk et Marlène Serluppus pour ce premier « seul en rue ». Un collectif qui répond à l’urgence de créer des spectacles en espace public mettant en jeu des sujets d’actualité, sensibles et engagées, et mêlant intime et politique.
DISTRIBUTION
Création collective dirigée par Brice Lagenèbre. Brice Lagenèbre, Sarah Daugas Marzouk et Marlène Serluppus (Écriture), Sarah Daugas Marzouk, assistée de Marlène Serluppus (mise en scène), Brice Lagenèbre (jeu), Céline Bertin (régie générale et scénographie), Marie Bernardin (décoration), Marlène Serluppus (costumes), Marc Prépus et Nora Couderc (création musicale), Esther Hélias (production et diffusion).