Après le silence, les contraintes et les quatre heures d’errance corporelle de « Carton » (2011), l’exigeant et inventif théâtre dans la rue de Félicien Graugnard s’attaque au texte majestueux de LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS, monologue brut et ironique écrit en 1977 par Bernard-Marie Koltès. Le jouer en dispositif de rue ressemble à un pari furieux et insensé, mais affirme surtout la ferme volonté de décloisonner les genres, en faisant goûter sur le bitume la saveur littéraire de ce texte d’exception qui dit lui-même la nécessité de questionner les identités. Réunir le mot et la rue, avec, au cœur du dispositif, un musicien passant de Bach à Marley, jouer au crépuscule dans un espace de transition urbaine, rendre à la ville ces mots cinglants et prophétiques… La recherche théâtrale des Sirventes autour des « figures de l’absurde » explore les espaces de jeu insolites et les frontières d’un spectacle vivant dans la rue. Dans une magnifique lecture, directe et subtile, de cet auteur dramatique majeur du 20ème siècle.