Plus de 40 albums en 15 ans : sur la foi d’une pareille statistique, Kenny Anderson, alias King Creosote, pourrait passer pour un créateur surhumain, voire un phénomène de foire. Deux images à l’exact opposé de ce qu’est ce songwriter prolifique mais adepte des productions faites main, allergique à toute forme d’esbroufe et d’apparat, la modestie chevillée aux cordes vocales et sensibles. Fidèle aux valeurs et aux rudes beautés de la région côtière du Fife, au nord-est de l’Ecosse, Anderson a bien l’étoffe d’un musicien souverain. Mais rayonne avant tout dans ses chansons la noblesse naturelle de l’autodidacte éclairé, de l’amateur exigeant qui, contre rien au monde, n’abdiquerait l’incomparable privilège d’être soi. Nulle posture de rebelle chez lui, mais une humilité de mise et une simplicité d’approche qui, régulièrement, président à la création de tremblants chefs-d’oeuvre – le dernier en date, saisi avec le maître en atmosphères Jon Hopkins, s’intitule “Diamond Mine” (2011). Pour toutes ces raisons, on comprendra qu’accueillir dans la Chapelle Saint Martin cet homme, très rare dans nos contrées, puisse être vécu comme un honneur.