Compagnon de route croisé pendant le festival au sein des Cies des Sirventès et Ex-Nihilo, PATRICE DE BÉNÉDETTI nous entraîne dans une magnifique prise de parole chorégraphique avec ce solo bâti pour le haut-lieu mémorial d’un Monument aux Morts. Hommage vibrant à la figure de Jean Jaurès, mais aussi à celle de son père et de « tous les Jean et les Hans partis au combat », hommage aux grandes luttes sociales qui se conjuguent au présent, JEAN est d’abord un texte poignant à la poésie âpre empruntant à la forme des « haïkus ». En réponse, un corps porté par la ferveur, parfois désarticulé ou aidé de béquilles, se glisse entre les mots, illustre et se cabre, dans des formes issues du « Butô » japonais. Ce soldat fatigué passe à travers le temps pour nous interroger sur l’indicible de cette hécatombe que fut la Première Guerre Mondiale (la pièce a été créée à l’occasion du Centenaire de 1914), mais aussi sur la permanence des grandes luttes sociales et sur la mémoire du combat prolétarien. Entre tendresse, incandescence et bienveillance, le danseur chorégraphe et auteur célèbre le don et l’espoir dans un spectacle ciselé, emprunt de délicatesse et de sensibilité. Ressuscitant, à la tombée de l’automne, un lieu de mémoire qui deviendra scène au centre de Rennes, puis rejoué après la Toussaint au Cimetière de l’Est, PATRICE DE BÉNÉDETTI transfigure le silence d’une tribune de pierre en célébration de la vie, dans une magistrale réappropriation chorégraphique d’un espace du souvenir et du recueillement.