Il est de ces performances modestes et s’appuyant sur l’humour et le décalage, qui bousculent nos univers, nos habitudes et nos pratiques, en créant à l’arrivée des moments uniques de poésie et de rencontre… Ce fut le cas du playback de WE CAN BE HEROES de Groupenfonction (2009 et 2012), et ce sera certainement le même genre d’émotion que fera naître le HANDBAG (sac à main) de l’artiste Britannique Geraldine Pilgrim. L’idée est simple : réunir dans la ville 100 femmes et 30 hommes, danseurs amateurs en costumes et robes de soirée, pour danser en liberté sur une version de quatorze minutes du classique planétaire « Billie Jean » de Mickael Jackson. Tandis que ce beat universel envahit l’espace sonore, chaque performeur entre à son tour dans l’espace de jeu, dépose son sac à main et entame une danse improvisée, personnelle, intime. S’immiscent peu à peu les lumières d’une boule à facettes. Cet instant chorégraphique est troublant, délirant, drôle, intriguant, magique… Qu’elle prouve ironiquement que la femme n’a pas besoin d’homme pour danser – puisqu’elle a son sac à main, qu’elle pointe les multiples de la rencontre au sein du groupe ou les territoires de l’intime et de l’individuel dans un collectif en mouvement, la performance implicative HANDBAG prolonge le travail particulier de Geraldine Pilgrim dans le domaine du théâtre, des arts plastiques et des installations contemporaines. Une nouvelle fois, ce sont les possibilités du « lien » et du « partage » qui sont visées, à la fois entre les gens (spectateurs et danseurs), les participants amateurs issus de la ville et les espaces de représentation choisis. HANDBAG investira le plein air du Parc du Thabor pour 5 représentations, avant de se déplacer au Centre pénitentiaire des Femmes (Rennes)… De très grands moments en perspective !