Il faut aimer tromper son monde pour appeler Finlandia un projet créé entre l’Argentine et le Brésil, et dont l’objet est de remettre à la lumière et au goût du jour des traditions sud-américaines souvent sous-exposées… Mais le violoncelliste Raphael Evangelista et l’accordéoniste et pianiste Mauricio Candussi, cousins brésiliens des esprits frappeurs de Bumcello, ont précisément placé le brouillage de pistes spatio-temporelles au cœur de leur musique. Non contents de repousser les limites de leurs instruments, qu’ils sortent de l’ornière des habitudes et des clichés avec un abattage phénoménal, ils en décuplent encore le potentiel expressif grâce à de riches habillages électroniques. Entre leurs mains et à travers leurs visions, les mélodies et rythmiques traditionnelles de leurs terres natales (tango, bossa et samba, mais aussi milonga, baião, forró, frevo, saya, huayno, cumbia, candombe…) n’invitent pas seulement à de nouvelles formes de danses et de transes : elles impriment aussi une autre façon, ludique et frondeuse, de repenser le monde et de reconsidérer le cours du temps. Une esthétique du dépassement permanent et du renversement de perspectives qui, tout en emmenant nos têtes et nos jambes du côté du Nordeste, des Andes, du Corcovado ou du Río de la Plata, nous conduit à ne plus envisager le passé comme un espace figé, mais comme le prolongement naturel du présent et du futur.