Comment résumer l’apport immense du compositeur américain Louis Thomas Hardin, alias Moondog (1916-1999)? Evacuons d’emblée l’image pittoresque du musicien aveugle et clochard céleste qui, affublé d’un costume de Viking, passa 25 ans de sa vie à jouer dans les rues de Manhattan. Et retenons le créateur d’un répertoire aussi farouchement solitaire qu’universel, frais comme une aube et beau comme l’antique, où se mêlent écriture contrapuntique, canons, modes orientaux, rythmes amérindiens, chansons minimalistes… C’est à cette conscience panoramique, convoquant le passé pour mieux éclairer le présent et augurer le futur, réconciliant le Nouveau et l’Ancien Monde (Moondog a passé la dernière partie de sa vie en Allemagne), que rend hommage «FROM US TO EU» de l’ENSEMBLE MINISYM: un programme couvrant un demi-siècle de beautés visionnaires, interprété avec un instrumentarium et une approche qui relient eux-mêmes époques et langages. Le portrait subtilement diffracté d’un musicien qui, avec ses airs de vieux sage et son esprit éternellement jeune, aura été le plus grand des classiques modernes.