Tous ceux qui, un jour de février 1992, ont inséré “La Fossette” dans leur platine se souviennent du trouble qu’ils ont ressenti en découvrant les ritournelles en guenilles, les arrangements verglacés et le souffle tremblé de Dominique A. Difficile, alors, de trouver chanteur plus isolé que ce jeune Nantais reclus dans cet album couleur d’hiver, tout nu et frissonnant dans ses mélodies de peu. Dans la ménagerie un peu moribonde de la chanson et du rock français, on assistait là à l’éclosion d’un animal à part. Ce qu’on ignorait, c’est qu’au fil d’un parcours semé d’albums aussi inspirés que différents (“La Mémoire Neuve”, “Remué”, “L’Horizon”, “La Musique”…), il en deviendrait l’une des figures de proue : une force motrice qui, par la pertinence et la force de ses propositions musicales, a tout simplement tiré vers le haut une bonne partie de la production hexagonale.
Aux Tombées de la Nuit, où il s’était produit en 2004 dans trois lieux différents, le chanteur fêtera le vingtième anniversaire de “La Fossette” au Triangle, lors de deux concerts événements. Il y proposera d’une part la relecture en trio de l’intégralité de son premier album, d’autre part l’interprétation avec un groupe de dix musiciens – dont un quintette à vents – de son tout nouvel album, “Vers les lueurs”. Un disque dans lequel Dominique A, en musicien aux larges épaules, aux méninges en ébullition et à la voix totalement libérée, ose abattre la carte d’une chanson pleine de panache et de nuances. Entre passé recomposé et retour vers le futur, voilà deux soirées qui, par leur contenu exceptionnel, ne peuvent mieux coller avec la ligne de pensée du Français. “Pour moi, ce métier consiste à avancer un minimum, mais avec des retours sur soi permanents, affirme-t-il. J’ai besoin de sentir des assises pour laisser des traces derrière moi. Ça ne m’intéresse pas d’aller tout droit sans voir ce que j’ai accompli ou ce qui s’est passé auparavant : j’aurais l’impression que tout repose sur du vent.”
BIOGRAPHIE
Après son premier album, “La Fossette”, Dominique A n’a cessé de varier les angles d’approche et les partis pris esthétiques, alternant les albums plus immédiats (“La Mémoire Neuve” en 1995, “Auguri” en 2001) et les projets plus âpres ou expérimentaux (“Remué” en 1999, “Tout Sera Comme Avant” en 2004), s’appuyant sur des arrangements amples (“L’Horizon”, 2006) ou renouant avec l’économie de moyens de ses débuts (“La Musique”, 2009). L’intégralité de sa discographie, agrémentée de bonus, a été rééditée en 2012. Il a collaboré avec Françoiz Breut, Yann Tiersen, Psykick Lyrikah ou encore le groupe Jack The Ripper, écrit pour Jane Birkin ou Calogero, et est également l’auteur d’un essai (“Un bon chanteur mort”) et d’un récit (“Y Revenir”).
DISTRIBUTION
La Fossette : Dominique A : chant, guitares / Nicolas Méheust : claviers / Thomas Pol : guitares, programmations. Vers Les Lueurs : Dominique A : chant, guitare / Sébastien Buffet : batterie / David Euverte : piano / Jeff Hallam : basses électriques, contrebasse / Thomas Poli : guitare, claviers / Michel Aumont : clarinettes, clarinette basse / Sophie Bernardo : basson / Cédric Chatelain : hautbois, cor anglais / Sylvaine Hélary : flûte, flûte alto / Daniel Paboeuf : saxophone soprano, clarinette.