Le destin d’un grand explorateur est de devenir un jour un phare, une balise à laquelle d’autres pionniers se réfèrent pour accomplir à leur tour de fabuleux voyages ; et ce destin-là n’a, bien entendu, rien de funeste. Alexander Balanescu en sait quelque chose. Il y a plus de 25 ans, ce virtuose frondeur brisait les conventions classiques en créant un quatuor à cordes capable de se mouvoir entre les points cardinaux des musiques nouvelles, du jazz, de la pop et des traditions du monde. Aujourd’hui, il campe une sorte de père spirituel pour les musiciens qui, toutes catégories enfin confondues, désirent s’affranchir des dogmes. Rien, pourtant, ne saurait le convaincre de jouer les monuments historiques ou les statues du Commandeur. Mêlant œuvres originales, compositions de Michael Nyman et Kraftwerk ou airs tziganes, les récitals du BALANESCU QUARTET restent de grandes leçons de navigation libre : de somptueuses dérives sur un vaste océan de sons, accomplies au gré de courants que seuls les vrais éclaireurs savent ouvrir.