Comme on le dit des nombres qui ne sont divisibles que par eux-mêmes et par l’unité, Albert Marcœur est un “musicien premier” : un modèle irréductible à un quelconque genre, et même à ce titre simplificateur de “Frank Zappa français” qui lui fut décerné dans les années 70. Marcœur est un rare, oui, et d’un métal d’autant plus précieux qu’il ne s’est jamais posé en rebelle officiel. Aux jeux de massacre de ceux qui prétendent “déconstruire” codes et traditions, lui a toujours préféré les assemblages musicaux et poétiques dictés par son esprit d’escalier, sa faculté de relier ce que le tout-venant de la création s’obstine à séparer, son regard amusé et/ou interdit sur l’absurdité du quotidien. Chansons, compositions, saynètes, montages sonores, concerts, maniement du verbe et de la parole : toute forme et expérience, chez lui, épouse les courbes, angles et perspectives d’une vision du monde éminemment subjective. Sa rencontre avec le Quatuor Béla ajoute une étape de choix dans son parcours de figure libre. Avec ces quatre jeunes gens engagés dans les vents turbulents de la création contemporaine, les échanges prennent des accents qui brouillent les limites entre musique et comédie, art populaire et exécution savante, réalité et chimère. Depuis quarante ans, c’est une constante dans les apparitions scéniques d’Albert Marcœur : son répertoire, sa pratique, sa présence même, sont systématiquement remis en jeu. Voilà bien une règle à laquelle on n’ira pas lui reprocher de ne jamais faire exception.
BIOGRAPHIE
ALBERT MARCOEUR : Né en 1947, il étudie la clarinette au conservatoire avant de prendre la tangente quand lui parviennent les sons saturés du rock. Commence une carrière jalonnée d’albums et de projets hors pistes, accomplis notamment avec ses frères Gérard et Claude et des partenaires aussi affranchis que lui – Dick Annegarn, Elise Caron, François Ovide…
QUATUOR BÉLA : Créé en 2006, le Quatuor rassemble des musiciens lyonnais souhaitant défendre la musique contemporaine dans toute sa diversité. Interprètes du répertoire (Ligeti, Scielsi, Dutilleux..) comme d’œuvres de commande, ils ont croisé la route d’inclassables notoires comme Denis Charolles, Moriba Koita ou Fantazio.
DISTRIBUTION
Frédéric Aurier : violon / Julian Boutin : alto / Julien Dieudegard : violon / Luc Dedreuil, violoncelle / Albert Marcœur : textes et voix.