Le jour du passage de la flamme olympique à Rennes, 92 habitantes et habitants complices de tout âge ont participé à Panique Olympique #6. Pour réaliser cette chorégraphie drôle et poétique, les amateurs se sont retrouvés trois soirs précédents le spectacle. Joie et courbatures.
Des femmes et des hommes en tutus fluo, jupes longues, en tenues de foot, de sport, en perruques, casquettes et dossards réunis au Parc Saint-Cyr. Comme s’ils dansaient des gestes sportifs, ils s’écroulent au sol puis se relèvent en mimant la victoire. Agnès Pelletier, chorégraphe à la tête de la compagnie Volubilis, interrompt la répétition générale de Panique Olympique : « C’était super! Mais à droite, mon cher troisième âge, vous vous trompez toujours de place ! Allez, les championnes, on revoit les positions. »
92 habitantes et habitants de Rennes Métropole ont dansé une chorégraphie d’une quarantaine de minutes aux côtés des danseurs professionnels de Volubilis. Pour la préparer, ils ont enchaîné une quinzaine d’heures de répétitions, les trois soirs et la journée précédant la performance. « J’avais envie de participer au passage de la flamme à ma façon et de me lancer un défi personnel », raconte Florence. Le premier entrainement la laisse courbaturée. « On mêle mouvements de théâtre, de danse et de sport. C’est un vrai engagement. Mais c’est génial ! »
Pour Véro aussi, les répétitions ont été « un peu raides physiquement » car inhabituelles pour elle. « Mais ça m’a donné l’envie de me bouger. Et voir tous ces corps de personnes de 7 à 77 ans en mouvement, j’ai trouvé ça très beau. » Thomas avait déjà participé à une performance avec Les Tombées de la Nuit : Dominoes. Neuf ans plus tard, ce féru de course et de badminton a vu sa curiosité aiguisée par « l’aspect chorégraphie » de Panique Olympique : « Participer à des projets qui sortent de l’ordinaire m’aide à m’ouvrir, à aller à la rencontre de personnes que je ne connais pas. On n’a qu’une vie ! Ici, le mélange des âges crée un côté familial. Et en même temps, l’accompagnement est si professionnel que même si on n’y connait rien, on prend du plaisir. »
Carole, qui fait de la danse à l’année, s’est lancée dans le projet pour découvrir de plus près le travail d’une compagnie professionnelle. « Je suis étonnée que notre groupe s’en sorte si bien. C’est un peu magique. Sûrement parce qu’Agnès est à fond et hyper pédagogue, à la fois exigeante et bienveillante. »
Agnès Pelletier ne se lasse pas de monter des projets qui impliquent des amateurs. « J’aime partager mon univers, cette folie de tous les possibles, et rendre les gens heureux en les embarquant dans une histoire. Cela peut paraître être une montagne à déplacer, mais sur place, en fédérant, on y arrive. » La chorégraphe dit travailler avec le groupe de la même manière qu’avec des danseurs professionnels. Et apprécie sentir Les Tombées de la Nuit sur la même longueur d’onde : « Ce n’est pas parce que ce sont des amateurs que Les Tombées font les choses approximativement, note-t-elle. Côté technique et organisation, tout est huilé comme n’importe quel projet professionnel. C’est un ingrédient de la réussite. »
Florence est « hyper contente » d’être là. Grâce au projet, elle a même fait connaissance avec sa voisine de palier qu’elle ne faisait que croiser. « C’est intense, mais merveilleux. Ça me rappelle le bon côté de l’esprit sportif, sans la compétition. » Véro apprécie « toucher à l’art sans être artiste » : « au quotidien, c’est rare de pouvoir interagir avec des artistes. Là, il y a de vrais échanges. » Pour elle, l’aventure est forte en émotions : « la joie collective de se dire qu’on réussit un truc ensemble. Le trac, aussi : tu sens que tu vas vivre quelque chose d’unique… et qui te rend unique aussi. »
Sorti de « scène », Thomas ressent de « la fierté et de la chance de pouvoir participer à ça ». Les participants sourient, pleurent, se serrent dans les bras. « C’est un projet artistique sensible qui fédère les émotions, reconnaît Agnès Pelletier. C’est trop beau de danser ensemble, ça place tout le monde dans la même fragilité. Et c’est si rare d’être nombreux, sur un même espace, à faire quelque chose en commun. » Le 15 juin, une version de la performance rassemblera un millier de danseurs et danseuses sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris. Des Rennais seront du voyage.
Audrey Guiller