Avec son projet Bons baisers de Rennes, la photographe Marilyne Grimmer a offert un voyage express – imaginaire – à des Rennaises et Rennais immobilisés par les confinements.
« Si vous pouviez claquer des doigts et vous téléporter quelque part, là maintenant tout de suite, où iriez-vous ? » En résidence à Rennes en octobre dernier, la photographe Marilyne Grimmer a posé cette question à des résidents de la Maison de retraite sociale Surcouf, qui héberge des hommes bousculés par la vie.
« Marilyne nous a demandé de choisir un pays qui nous plaisait et de nous habiller comme si nous y étions, raconte Loïc, qui a participé au projet avec Louis, Dani, Jean-Jacques et d’autres. Elle nous a photographiés dans notre chambre. Puis elle a fait un photomontage pour nous transporter là-bas ».
« Les résidents m’ont touchée par leur enthousiasme, raconte Alice Butet, responsable des relations avec les publics aux Tombées de la Nuit. Ils ont été très volontaires, très investis. Chacun a tout de suite su où il voulait voyager ». Saurez-vous deviner d’où Louis, Loïc et Jean-Jacques vous enverront leur carte postale de voyage ?
Jean-Jacques
Indice visuel : Sur sa photo, il porte un bonnet et une écharpe en grosse laine.
Pourquoi il a embarqué dans l’aventure : « Pour participer à une expérience. Ça me plaît bien. »
Son rapport à la photo : « Deux photos sont accrochées dans ma chambre. Une de moi en « capitaine Haddock », je regarde la mer au loin. Une des résidents de mon foyer précédent. Ce sont des passages de ma vie ».
Comment il a choisi sa destination : « Mon nom de famille est un mot anglais. Mon grand-père vient du Royaume-Uni. En voyage scolaire, au collège, je suis parti à Portsmouth et Plymouth. C’est des beaux souvenirs. J’aime l’atmosphère des bars avec des poutres et du bois vernis. J’aime surtout la Guinness. Bon, au foyer on ne peut pas boire d’alcool, alors j’ai posé avec un verre à bière rempli de café, pour faire semblant. »
Et la réponse est… Jean-Jacques a été téléporté en Irlande, dans un pub.
Louis
Indice visuel : Sur sa photo, il arbore une marinière et une casquette.
Pourquoi il a embarqué dans l’aventure : « J’étais un peu réticent au départ, car je ne m’estime pas très photogénique et je n’aime pas trop me mettre en avant. Mais après une année enfermée à cause du Covid, on a enfin pu voyager. Là-haut, dans notre tête ».
Son rapport à la photo : « Dans ma chambre, je dois avoir un vieil appareil dans un coin, avec une pellicule à l’intérieur. J’ai aussi un album photos. C’est sympa, même si je ne reconnais pas tous les gens dessus. »
Comment il a choisi sa destination : « J’ai beaucoup voyagé. Marin, j’ai parcouru la Méditerranée, j’ai été à Rio, en Afrique, aux Canaries. Puis j’ai été routier. J’ai conduit des cars et des camions en Italie. Mais cette ville italienne que j’ai choisie pour la photo, je n’y ai jamais été. La casquette que j’ai et qui vient de là-bas, c’est mes parents qui me l’ont rapportée. Avec mes quatre frères et sœurs, on s’était cotisé pour leur payer le voyage, pour leur retraite. Ils étaient agriculteurs. Dans cette ville, faudrait aller avec une serpillère, parce qu’il y a de l’eau à éponger. Et moi, j’espère que ma photo de voyage ne sera pas en tête de gondole. »
Et la réponse est… Louis a été téléporté à Venise.
Loïc
Indice visuel : Sur sa photo, il porte un ensemble d’un bleu profond, des lunettes de soleil et des sandales brodées de perles.
Pourquoi il a embarqué dans l’aventure : « Pour la rencontre avec la photographe. Elle nous a écoutés. Parler d’un pays et de gens qu’on aime. »
Son rapport à la photo : « Des photos, j’en fais tout le temps depuis que j’ai 17 ans. Je les fais développer, et en plusieurs exemplaires, pour les donner aux gens qui sont dessus. Dans ma chambre, j’ai un sac rempli de photos. J’aime les regarder, ça me rappelle des souvenirs. »
Comment il a choisi sa destination : « Une de mes premières destinations étrangères a été l’Allemagne, pour un match avec l’équipe de foot de Monterfil. Ensuite, j’ai travaillé à l’étranger, j’organisais des chantiers de bâtiments temporaires. Au Maroc et en Italie, à Naples, après le tremblement de terre. Je n’ai jamais été dans le pays que j’ai choisi pour ce projet photo. Mais c’est un pays cher à Jacques et Christian, deux référents que j’ai eus au foyer et que j’apprécie beaucoup. Tous deux sont engagés dans l’association de solidarité Gorom Rennes Gorom. Le pays a l’air si beau, je pourrais y rester plusieurs mois. Avec le désert, le soleil, les chèvres, la façon différente de vivre. L’association organise des repas où je suis invité. Récemment, le pays a souffert d’inondations torrentielles qui ont décimé les troupeaux. J’ai fait un petit don pour les aider ».
Et la réponse est… Loïc a été téléporté au Niger.
Retrouvez les photos de voyage de Jean-Jacques, Louis, Loïc et les autres sur les abribus de la ville à partir du 20 décembre.
Audrey Guiller