Réalisateur audiovisuel, Benoist Lhuillery est l’œil vidéo des Tombées de la Nuit. À l’affût de l’imprévu, du beau, du magique, il capte et garde trace des spectacles depuis 2012. À sa manière.
Qu’aimez-vous filmer aux Tombées de la Nuit ?
Les projets qui associent des habitants-complices. Je filme les ateliers de préparation, pour montrer non seulement le résultat final, mais aussi les coulisses. On ne se rend pas compte de l’implication en amont, du temps que les habitants consacrent à faire vivre un spectacle. Parfois c’est un peu sportif, parfois c’est un peu théâtral. J’aime voir ces gens qui osent se mettre un peu en danger, qui se rencontrent entre eux, qui se découvrent eux-mêmes, qui se font plaisir ! Comme au Love Bal : monsieur tout le monde va chanter sur scène devant des milliers de personnes… C’est un sacré défi.
Quel est votre « truc », pendant les tournages ?
Je me déplace tout le temps. Je ne reste pas statique à filmer des artistes sur une scène. Car les spectacles des Tombées de la Nuit ne se passent jamais comme ça. Je pense à The Color of time, par exemple. Je me déplace pour avoir des points de vue différents, pour capter les interactions avec le public : c’est le lien entre les gens qui compte, l’humain. Cela me permet aussi de donner à voir le lieu, car il a toujours beaucoup de sens. Je suis Rennais et je connais bien la ville mais avec Les Tombées de la Nuit, je découvre souvent de nouveaux endroits. On est toujours sur le terrain !
Quand vous faites la vidéo rétrospective de l’année, que ressentez-vous ?
C’est incroyable de voir la diversité des propositions : des concerts, de la danse, du cirque, du théâtre et des objets non identifiés. Il n’y a pas de règle, pas de format type. Ce qui revient aussi régulièrement, c’est l’étonnement dans le regard des spectateurs. Devant un lieu improbable, une performance barrée, un peu folle. Le cachalot échoué au bord de la Vilaine. La lune dans la piscine Saint-Georges. À l’image, je vois souvent l’amusement des spectateurs. Je constate combien le rire, les émotions, la surprise les font déconnecter de leur quotidien.
Qu’est-ce qui est plus compliqué ?
Les conditions de tournage changent tout le temps. Un spectacle est éclairé par un mur de spots. Un autre à la bougie. Pour un troisième, je dois dormir sur place. Ou encore sprinter pour filmer la chute folle de dominos géants. Cela me pousse à improviser. Et en réalité, ces spectacles sont un bonheur à filmer. Avec des esthétiques différentes, de beaux costumes, des scénographies et des éclairages soignés, du mouvement. Et puis c’est authentique. Les artistes, l’équipe, les habitants qui s’impliquent : ils ne sont pas dans le paraître, ils agissent par conviction.
Audrey Guiller