Cette année, en plus du programme traditionnel du festival, Les Tombées de la Nuit ont rédigé et mis à disposition un livret FALC (Facile à lire et à comprendre), destiné aux publics ayant des difficultés de compréhension.
« Il est beau ! Ah, je vois que vous avez repris mon idée : écrire le numéro du bus qu’il faut prendre pour aller au spectacle. Et la couverture carrée, elle est plus pratique pour prendre le livret dans sa main ! » Dans une salle de l’Institut médico-éducatif Hallouvry, à Chantepie, Mathieu se réjouit. Avec d’autres jeunes et leurs éducateurs, il découvre le programme du Festival des Tombées de la Nuit 2019. Plus précisément, une adaptation du programme en FALC : Facile à lire et à comprendre. Les jeunes d’Hallouvry ont aidé l’équipe des Tombées de la Nuit à le mettre au point.
Avec ses textes simplifiés, ses pictogrammes et ses informations pratiques, le FALC s’adresse aux publics ayant des difficultés de compréhension ou des déficiences cognitives. « Par son ouverture et son originalité, notre programmation peut parfois être difficile à saisir, explique Alice Butet, chargée des relations avec les publics aux Tombées de la Nuit. Avec l’équipe communication et Aurélie Chasles, spécialiste de l’accessibilité dans la culture, nous avons travaillé sur un document clair. Et beau, pour qu’il ne soit pas discriminant. »
Pour comparer, les jeunes d’Hallouvry déplient le programme traditionnel. Adrien y lit la description du spectacle Programme : « En miroir du travail de l’artiste plastique anglais Simon Starling, représentant l’angoisse et la brutalité du réel, l’auteur Éric Arlix bâtit une prose de coach vive et rapide, nous plongeant dans un univers aveugle où l’individu perd toute notion identitaire. » Lauryn lit sa transcription dans le FALC : « C’est du théâtre et du cirque. Sur scène, il y a un comédien et un acrobate français. Le comédien dit à l’acrobate ce qu’il doit faire. L’acrobate obéit. Il y a 6 petites scènes. Une scène bouge, une autre vibre. C’est impressionnant et drôle ».
« C’est beaucoup plus simple, s’exclame Sarah. Il n’y a pas de mot compliqué. » Maud Le Bailly, éducatrice à Hallouvry, constate combien un outil comme le FALC aide les jeunes à accéder de manière autonome à ce qui se passe en ville : « Il répond à un besoin d’être accompagné et rassuré. Car pour certains, aller au spectacle est une aventure. »
Au Point Informations du festival où il était disponible, Aurélie Chasles a vu que les spectateurs se sont rapidement emparés du programme FALC. Au-delà des seules personnes en situation de handicap, d’ailleurs. Cela fait réfléchir l’équipe : Comment, dans n’importe quel texte ou programme, éviter l’entre-soi et rendre le propos accessible ? « En même temps, nous nous adressons aussi à un public à l’œil affûté, qui a le droit aux nuances et qui sait aiguiser son envie par lui-même », pense Alice Butet. Un équilibre intéressant à trouver. En parallèle, Les Tombées de la Nuit souhaitent s’associer aux autres structures culturelles de la Métropole pour imaginer une charte des FALC, commune et cohérente.
Audrey Guiller