Vincent Lesage installe des dizaines d’échafaudages dans Rennes pour rénover des bâtiments. Vincent Glowinski, artiste street art, y a peint des fresques monumentales.
Le premier coup de fil fut étrange. D’un côté du combiné : Vincent Lesage dirigeant de SNPR, une entreprise de travaux publics spécialisée dans la rénovation de l’enveloppe des bâtiments. De l’autre : Claude Guinard, directeur artistique des Tombées de la Nuit, qui l’appelle pour lui parler de ses échafaudages de chantier et des bâches qui les recouvrent. Pas pour s’en plaindre, non. Pour suggérer de les exploiter. De manière artistique.
« Claude Guinard m’a proposé que Vincent Glowinski, dit Bonom, vienne peindre certaines de nos bâches. C’est un artiste belge de street art qui réalise des fresques monumentales », explique Vincent Lesage. Le chef d’entreprise trouve l’idée super. « On rénove les façades pour quelles soient plus belles, mais pendant le temps des travaux, les échafaudages ne sont pas vraiment esthétiques. Et puis il nous arrive régulièrement que des façades fraichement terminées soient vandalisées par des tagueurs du dimanche. Là, on allait à contre-courant, en montrant qu’on peut accompagner des artistes. »
Le projet a été baptisé « Les Yeux ouverts ». Vincent Glowinski a peint 4 immenses bâches dans différents quartiers de Rennes. Curieuses apparitions, jamais annoncées, entre ciel et terre. « L’organisation a été complexe, mais c’est extraordinaire d’animer la ville comme ça, poursuit Vincent Lesage. De faire sortir l’art des musées payants, de mettre à profit nos outils et notre matériel pour créer autre chose, de bousculer notre quotidien et la vision qu’on a des travaux. »
Les employés de SNPR ont d’abord trouvé leur patron étrange. « Une moitié a adhéré au rendu final des fresques, une autre non. Mais tous ont donné un avis, ont réfléchi, ont polémiqué. » Selon le dirigeant, c’est parce que Bonom est humble et accessible, qu’il est lui aussi un technicien rigoureux qu’il a bien cohabité avec les salariés. Curieux, certains lui ont donné des coups de main. « Ses performances sont impressionnantes, techniquement parlant. Comme ce que l’on attend de nous dans les métiers du bâtiment. »
A l’automne, Vincent Glowinski a réalisé une performance peinte en lumière et mouvement, à Rennes. Une cinquantaine d’employés de SNPR s’y sont rendus. « Ils ont beaucoup apprécié ce qu’ils ont vu. Une aventure comme ça, ça ouvre l’esprit, ça crée des liens », sourit Vincent Lesage.
Audrey Guiller