Photo : © Mamies Guitares © Nicolas Joubard
— Publié le 14 novembre 2017 —
Mamies guitares : « Osons les filles, osons ! »

Daniel Scalliet et Mathieu Sourisseau ont accompagné 7 mamies non musiciennes à dompter 7 guitares électriques, lors de deux concerts-lectures. Les Mamies ne sont pas préoccupées de leur image, ni mâché leur mots, ni retenu leur disto : du rock’n’roll.

TEMOIGNAGE : Josie, Mamie participante au projet.

« Ce qui m’a donné envie, c’est le défi, l’inattendu. Pendant ce projet, j’ai rencontré des femmes et deux intervenants formidables. J’ai été surprise par le poids de la guitare et la rigidité des cordes. C’était fatigant. Mais les guitares électriques sont bien plus musicales et harmonieuses que ce que j’imaginais. Sur la scène, on suit les instructions de Mathieu, ce n’est jamais pareil. J’ai ressenti du stress mêlé de joie. J’ai écrit mon texte de A à Z, à propos de la vie en détention, puisque c’est mon quotidien. ll y avait des textes de révolte, qui invitaient à l’action. Mon texte était calme et apaisant. Pour un des spectacles, ils ont du refuser des gens à l’entrée tellement il y avait foule : j’étais fière ! »

INTERVIEW

D’où vient cette idée des Mamies guitares ?

Mathieu Sourisseau : J’avais envie de donner la parole à des femmes, qui sont nos mamans, qui ont vécu mai 68. Pendant les ateliers, les « Mamies » ont écrit des textes qu’elles ont lus. Et puis je me suis toujours intéressé aux pratiques amateurs. Ces femmes n’avaient jamais touché de guitare avant. Je les ai dirigées comme une chorale. Pour moi, le bruit bizarre n’est pas péjoratif en musique. Ce qui compte c’est l’énergie, la motivation, l’écoute mutuelle pour créer du « bizarre bien ».

Quel est votre message ?

Daniel Scalliet : On n’a pas de message. Ces femmes racontent leur vie, leurs expériences, leurs origines différentes. Selon les groupes de Mamies, elles ont des mots féministes comme « Osons les filles, osons! », politiques, intimes ou farfelus. Nous, on ne les dirige pas. On les accompagne pour les mettre en relief. On veut que les Mamies guitares prennent le pouvoir.

Marier des mamies et des guitare, ce n’est pas un peu racoleur ?

Daniel : Pourquoi ce serait encore si étrange d’assembler les deux ? Le rock existait quand elles sont nées. Les Mamies ont eu cette même interrogation : Pourquoi nos petites-filles doivent-elles, encore aujourd’hui, se battre pour leurs droits et pour l’égalité ?

Qu’est-ce qui vous étonne dans les Mamies guitares ?

Mathieu : La redécouverte de la tolérance par rapport à l’autre. Accepter, avec bienveillance, que chaque personne a le droit d’être exactement comme elle est. Daniel : On juge les gens trop vite, à leur visage. En atelier, quand les femmes se racontent, quand on prend le temps, on découvre à chaque fois combien on s’était trompé.

Propos recueillis par Ata 22, rédactrice de Citad’elles , le magazine de la prison des femmes de Rennes. Avec Audrey Guiller.

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