Une interprétation subjective de la proposition de la Compagnie Jeanne Simone
Dimanche à midi, la chorégraphe Laure Terrier invitait les festivaliers à occuper l’espace de l’esplanade Charle de Gaulle pour écouter le murmure de la ville. Une expérience qui questionne la nature de l’espace public.
Les places sont des espaces de passage. Mais la compagnie Jeanne Simone entend bien faire une pause en nous amenant à écouter, plutôt qu’à s’agiter. L’occasion de poursuivre le questionnement cher aux Tombées de la nuit sur la place de l’espace public : on peut traverser une place, ou bien être traversé par elle. Laissez-vous guider…
Laure Terrier nous accueille avec le sourire, elle est bienveillante. Son projet est ouvert, « il y a autant d’interprétations que de participants », nous prévient-elle. Après une petite mise en condition qui opère un premier ralentissement, nous sommes invités à nous disperser sur la place. A trouver, chacun, notre place. Celle qui nous convient. Sous le grand soleil de ce dimanche de juillet, chaque petit homme-graine va germer et devenir un arbre. Nous écoutons les sons de la ville se heurter à notre feuillage. Yeux fermés, oreilles ouvertes, une onde de bien-être semble purifier l’air de la place.
Vus de l’extérieur, ces personnes immobiles et silencieuses doivent interpeller. C’est le propre de l’immobilité que de questionner. L’homme pris dans le flot mouvant des évènements ne prend pas le temps de raisonner. Alors cette pause est une comme une amorce. S’arrêter pour mieux entendre, pour mieux comprendre. L’extérieur est notre spectacle, et nos corps eux-mêmes deviennent un tableau à part entière pour les passants qui, interpellés, s’arrêtent eux aussi pour observer. Une forêt d’écoutants nous rappelle ceci : dans un monde de flux perpétuel, dans le tumulte de la ville, il est parfois salvateur de s’arrêter. Et d’écouter. En toute simplicité.
Nathan Le Potier