Photo : © Fidelis Fortibus © Nicolas Joubard
— Publié le 9 juillet 2017 —
Fidelis Fortibus : Le cirque traditionnel is not dead !

DANNY RONALDO du CIRCUS RONALDO issue d’une grande lignée de familles circassiennes de Flandres (Belgique) boucle une histoire de fidélité entre les liens qui unissent les familles traditionnelles d’artistes circassiens. Il est question de transmission, du poids de l’héritage familial, de la tradition circassienne à investir, porter et transmettre. Associant les arts du cirque traditionnel aux registres de la comedia del arte, Danny Ronaldo nous émeut par cet hommage à ses pères et au cirque traditionnel qu’il rend résolument vivant.

Dans l’écrin du carré Duguesclin du parc du Tabor, mercredi 5 juillet, j’attends dans la longue file de spectateurs qui serpente vers le chapiteau Circus Ronaldo. L’ambiance est détendue. C’est le moment pour prendre un peu soin de soi entre la fin ou presque des obligations et le début des grandes vacances. Il fait beau. Peu d’enfants ou quelques enfants égarés, car il est annoncé que le spectacle s’adresse à des enfants de plus de 12 ans. Pas d’enfants pour un spectacle de cirque ? La question circassienne traitée est peut être grave ? Assez grave pour éloigner les enfants de ce spectacle ? Pourtant, je suis accompagnée par une petite circassienne débutante de sept ans qui a hâte de rentrer, s’assoir et ouvrir les yeux pour voir des étoiles.

Nous rentrons et nous nous installons sur les bancs. Danny Ronaldo, en garçon de piste nous accueille, nous invite, nous chasse, nous discipline…. On prend le temps de s’assoir, de sentir ses voisins, de trouver une bonne place et de regarder le premier tableau : un cercle petites tombes de circassiens dans l’espace central construites avec la sciure. Sur celles-ci, des lanternes, des trompettes, des tambourins, ballons, trombones, des boules, des bâtons de jonglage, des costumes de vert et de brillant.

Un peu comme le réalisateur Fellini pour son documentaire – Les clowns – Danny Ronaldo campé dans un personnage de benêt à la Charlie Chaplin va-nous fait vivre un voyage nostalgique à la rencontre des anciens clowns et de leurs souvenirs par des numéros de jonglage, de magie, de domptage….

« Tout est fini ». C’est la phrase d’ouverture adressée aux spectateurs dans la langue italo gromolesque.

Et peu à peu, la magie se remet en marche pour faire renaître l’équilibriste, le clown blanc, le directeur, le dompteur et le musicien.

Ce personnage naïf nous fait ressentir beaucoup de solitude face à cet héritage, face à des doutes. Empruntant les codes de la comedia dell arte, il joue avec la palette émotionnelle à chaque adresse au public.

Le spectacle est alors burlesque quand il s’agit de refaire un numéro de femme découpée dévoilant ouvertement le trucage ; tragico burlesque quand les instruments résonnent sans musicien.

Seul animal du cirque, un petit rat, qui s’est faufilé dans le public, frôlant les jambes des spectateurs et qui n’attend que son tour pour entrer en piste et faire son numéro.

Le spectacle monte en puissance et en émotions, la colère est au rendez-vous et la tentation est grande de brûler cet héritage. Le circassien nous prend à parti en poussant la colère à vouloir tout brûler avec de l’essence mais l’envie de jouer reste plus forte.

Place alors à l’envie de se dépasser par un magistral numéro d’équilibre pour atteindre le trapèze et les étoiles sur une table, deux chaises et une caisse en bois.

Avec ce numéro se révèle toute la fragilité et le génie du clown naïf et rêveur, mais aussi le grand talent et le travail du circassien équilibriste.

Le temps est ensuite venu pour dire un dernier au revoir aux pères circassiens. Le clown soliste désencombre la piste des précieux instruments et les assemble sous la forme d’une grande et belle machinerie éclairée, des spectateurs aident à faire remonter cette sculpture. L’héritage est lourd, très lourd.

La piste aux étoiles reste alors libre et ouverte à la nouvelle génération qui a hâte de rejoindre la grande famille.

La petite circassienne de sept ans qui m’accompagnait ce soir-là se serait bien lancée, elle aussi, pour rejoindre ce monde des étoiles.

Roseline Pontgélard

Conception, réalisation et jeu : Danny Ronaldo / Coaching : Lotte van den Berg, Steven Luca, Rafael en Jo De Rijck / Musique : David Van Keer / Technique : Nanosh Ronaldo / Avec l’apport créatif de : Andreas Ketels, Erik Van den Broecke

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