Accepter son malheur. Telle est la promesse de la brillante Walking Thérapie. A contre-courant de tout ce qu’il nous est vendu aujourd’hui sur la recherche du bonheur. Jean-Yves Van Der Slar en est le créateur. Cet éminent psychologue belge (qui enseignerait parfois à la Sorbonne), a accepté pour les Tombées de la Nuit, de faire partager son savoir aux Rennais volontaires. Il est assisté de Francky, ancien patient en rémission. Malgré leurs emplois du temps chargés, ils ont accepté de nous en dire plus. Rencontre.
Jean-Yves, quel a été votre parcours avant le développement d’une telle thérapie?
Jean-Yves : J’ai commencé par 2 ans de stage à Bruxelles puis j’ai suivi différentes formations à Paris en thérapie, en body-art thérapie, thérapie appliquée et thérapie de groupe. J’ai également suivi un cursus à l’université du Bonheur de Namur (Ndlr: Après de nombreuses heures de recherches, il apparaît que cette université n’existe plus ou n’a jamais existé). Et un peu d’hypnothérapie à Arlon en Belgique, mais j’ai abandonné assez vite car je sentais que cela pouvait devenir dangereux pour l’autre.
Quels sont les fondements de la thérapie?
La mélancolie. Il faut partir du principe que nous ne sommes rien. Le bonheur n’existe pas. Nous sommes des bacs à larmes tous autant que nous sommes. Et il faut apprendre à dépasser ses larmes.Et pour cela, il n’y a qu’une seule solution c’est de ne pas vivre dans la solitude. Donc notre but est de former des groupes de gens par pour qu’ils aillent mieux, mais pour qu’ils soient tristes ensemble. Qu’ils puissent pleurer tous ensemble et oser se dire: tu ne vas pas bien, tu as raté ta vie. Parce que finalement nous ratons tous notre vie, c’est la philosophie de l’échec.
Quels sont les effets concrets de cette thérapie sur les patients?
J-Y: Le meilleur exemple c’est Francky, mon collègue.
Francky: J’ai sombré à un moment donné dans ma vie dans la déprime et le malheur. J’ai tout perdu. J’ai rencontré Jean-Yves par hasard et il m’a parlé. Quand il m’a dit que c’était dans le malheur que j’allais retrouver un certain bonheur je n’y croyais pas. Et puis je l’ai suivi. J’ai appris à écouter à ses côtés. J’ai été très impressionné par sa maîtrise et sa capacité à scanner les âmes. Cela fait 4 ans que je suis avec lui sur les routes. Déjà sur moi le résultat est impressionnant. Je vais beaucoup mieux même si tout n’est pas acquis (sanglots). Vous m’auriez vu il y’ a quatre ans.
J-Y: C’était une grosse épave.
F: J’étais une éponge à alcool. Maintenant j’arrive à en parler.
J-Y: Pour nous, la vie n’est qu’un processus de deuil.
Suite à votre thérapie, les gens restent malheureux toutes leurs vies?
J-Y: Bien évidemment, mais il savent qu’ils ne sont plus les seuls.
Comment convaincre en quelques mots les réticents à suivre votre thérapie de groupe?
J-Y: Sors de ta coquille, arrête de dire que tout va bien alors que tu ne vas pas bien. J’ai envie de dire à ceux qui veulent participer à Walking Therapy: vous n’allez pas bien. Venez en parler, venez faire résonner votre mal-être! On va en faire une petite boule et on va la lancer. Bien sur elle va toujours revenir…
F: Mais on va vivre avec! Comme un cœur qui bat!
J-Y: Stop stop stop. Ça ne se dit pas! Ne commence pas à faire la théorie toi même.
Propos recueillis par Emma Benda