La nuit dernière, les Tombées de la nuit lançaient le festival en même temps qu’une mystérieuse ligne ferroviaire. Une invitation onirique à considérer le trajet comme voyage et la nuit comme espace des possibles.
À l’heure où la nouvelle Ligne à Grande Vitesse Rennes-Paris célèbre la rapidité et rapproche les espaces dans un souci d’efficacité indifférent au paysage, MASSIMO FURLAN est résolument original. Il nous propose au contraire d’oublier notre destination pour un trajet lent et délicat, contemplatif et poétique, permettant d’admirer chaque détail du paysage. 22h04. Le chef de gare siffle le départ pour un lieu inconnu… C’est la nuit, vous êtes confortablement installé, les vitres ouvertes laissent filer le vent chaud de l’été, mais pas question de s’endormir pour autant ! Si l’oeil s’ouvre à la dimension poétique du quotidien, il se laisse happer par les surprises musicales, sculptures humaines en mouvement qui ponctuent le voyage. Car Nocturne revendique la simplicité aussi bien que l’exception. Ainsi, vous pourrez déambuler dans un village au son des fanfares, points lumineux et étincelants dans la nuit noire et silencieuse. Qui a dit que la nuit était faite pour dormir ? Que le train n’avait pour vocation que de transporter d’un point A à un point B ? Qu’on ne pouvait pas jouer dans des lieux insolites ? MASSIMO FURLAN fait voler en éclat les conventions avec délicatesse : inventant de nouveaux usages, déployant de nouvelles temporalités, il réussit l’union nocturne de l’orchestre d’harmonie et de la moissonneuse batteuse dans une image proprement surréaliste. Laissez-vous transporter l’espace d’une soirée. Restez curieux !
Nathan LE POTIER