Imaginez des instruments de musique délaissés qui reprennent vie sous forme de créatures sonores et animées. 3 questions à Mathieu Dessailly, touche-à-tout co-créateur, avec Vincent Gadras et David Chalmin, de ces animaux musicaux.
Comment vos insectes ont rencontré les Tombées de la Nuit ?
Les Tombées de la Nuit ont co-produit nos créations. J’ai envie de parler de parrainage, de compagnonnage. Quand nous avons rencontré Claude Guinard, nos crustacés et autres arachnides étaient à une phase embryonnaire. L’équipe nous a aidés à faire tenir tout cela debout. D’abord en nous écoutant de façon bienveillante, en nous fixant un calendrier et en nous poussant à réfléchir. Tout cela sur le long terme, ce qui donne l’agréable impression de ne pas être des objets artistiques de consommation, mis en lumière seulement momentanément.
Ce compagnonnage a-t-il bousculé vos idées de départ ?
Claude Guinard a insisté sur l’aspect musical de nos œuvres. Il nous a proposé d’aller écouter et de rencontrer des musiciens, des plasticiens sonores. D’une démarche muséale, plutôt axée « art contemporain », on a basculé dans le spectacle vivant. L’équipe nous a aussi fait nous questionner sur notre visibilité. Au fil des discussions, on a choisi de ne pas se cantonner à une exposition d’œuvres, mais d’y intégrer une performance : on les construit en public. Les gens nous voient en train de travailler, de bricoler, de douter, de nous planter. On montre que l’échec fait partie de la création.
Exposer à l’Ecomusée : quelle idée aviez-vous en tête ?
C’est une idée des Tombées ! Ils savaient que le directeur de l’Écomusée du Pays de Rennes était à la recherche d’idées neuves pour sa future exposition sur les imprimeurs Oberthür. Or, cette famille, passionnée d’entomologie, a réuni l’une des plus belles collections d’insectes d’Europe ! On a ensuite exposé à l’Hôtel-Dieu et bientôt à Pasteur. Les Tombées de la Nuit, en nous proposant de nous nicher dans des lieux particuliers, nous ont obligés à devenir caméléons, à réfléchir et à nous inspirer de l’endroit où nous sommes. Et cela a réellement nourri notre travail.